Histoires
Jessica, Membre du personnel
Université McMaster

Les défis du parcours scolaire
Les défis ont été omniprésents tout au long de mon parcours scolaire, en particulier pendant mes études. La pression de terminer en trois ans mon programme spécialisé en sciences de la santé s’est heurtée au tabou entourant la prise d’un congé de maladie, ce qui a exacerbé la difficulté de chercher des mesures d’adaptation. En raison de la nature compétitive du programme, j’ai eu très peu de soutien de mes pairs, ce qui m’a isolée encore plus dans les moments difficiles. La transition vers les études supérieures à McMaster a posé des défis particulièrement importants. Les processus de demande d’adaptation distincts pour les cours et pour les thèses et mémoires, alourdis par la réticence aux mesures d’adaptation, m’ont contrainte à changer de programme pour réduire le stress. Les questions culturelles au sein des programmes de sciences de la santé à l’époque, comme le modèle médical du handicap, ont exacerbé ces défis, malgré le soutien de certaines personnes chez les chargé·e·s de cours. Dans le domaine de l’emploi, les difficultés peuvent persister en fonction des supérieur·e·s et des pressions des établissements, comme la politique de retour sur le campus qui a ajouté un stress à la recherche d’adaptations. Dans l’ensemble, l’accessibilité et l’inclusion sur le campus doivent être améliorées, en particulier dans l’ère « post-COVID », où la régression des attitudes culturelles à l’égard du handicap intensifie les défis existants, surtout lorsque la pandémie n’est pas terminée pour bien des membres de notre communauté.
Accès aux ressources pédagogiques numériques
D’après mon expérience des ressources pédagogiques numériques, des outils comme Dragon NaturallySpeaking pour la dictée se sont révélés utiles, tandis que les cours utilisant la plateforme Avenue to Learn se sont distingués par leurs fonctions d’accessibilité et leur système de commentaires réactif. Des problèmes se sont révélés avec le format des manuels, en particulier les versions Kindle, ce qui a suscité une certaine frustration face à la lenteur des solutions légales proposées par les services de bibliothèque et a poussé certaines personnes à recourir à des téléchargements illégaux pour suivre le rythme des cours de maîtrise. Bien que je puisse généralement tolérer de naviguer sur le Web, j’ai parfois eu recours à des filtres d’écran ou au mode sombre pour réduire la fatigue visuelle. J’ai aussi mis à profit mes connaissances technologiques pour accéder à des ressources supplémentaires, par exemple des tutoriels sur YouTube, lorsque nécessaire. J’avais expressément besoin d’instructions claires, en particulier dans les cours subjectifs avec rédaction d’essais, où l’ambiguïté des attentes était fréquente. L’éparpillement des grandes lignes d’un cours dans plusieurs documents m’a posé des problèmes de navigation, ce qui a influencé mon plaidoyer en faveur d’un langage clair dans la documentation pour assurer l’accessibilité. Si un certain niveau de rigidité était perceptible pour certains cours, d’autres offraient une accessibilité remarquable, contribuant ainsi à une expérience d’apprentissage enrichissante dans l’ensemble.
Attitudes et perceptions sociales
D’après mon expérience, les attitudes et les perceptions sociales à l’égard des handicaps influencent grandement l’environnement scolaire. La structure décentralisée de l’Université McMaster signifie que les expériences de la population étudiante varient considérablement en fonction de l’attitude des chargé·e·s de cours. Un certain nombre de chargé·e·s de cours hésitent à proposer des mesures d’adaptation, mais ces dernières années, grâce à une meilleure sensibilisation, on assiste à une normalisation des handicaps. Le soutien de la communauté des personnes handicapées peut être transformateur pour les étudiantes et étudiants de premier cycle, mais il fait souvent défaut aux cycles supérieurs. Mon expérience avec un réseau d’accessibilité pour les employé·e·s a profondément changé mon point de vue en révélant l’importance des groupes de ressources pour les employé·e·s. Le soutien peut varier en fonction des superviseur·e·s et des processus d’intégration, ce qui souligne la nécessité d’améliorer la cohérence des pratiques de RH. Un leadership inclusif, comme celui de ma direction actuelle, favorise un environnement favorable où l’accessibilité est une priorité. Lorsque l’accessibilité devient une attente, les gens sont généralement réceptifs, ce qui produit un environnement globalement plus inclusif.
Efficacité des systèmes de soutien
Après mon premier congé au premier cycle, j’ai hésité pendant environ un an avant de demander des mesures d’adaptation en raison de la nature compétitive de mon programme en sciences de la santé. L’Université McMaster a fait des efforts pour lutter contre ce phénomène, mais l’accès aux services a été rendu possible par un praticien du Student Wellness Center, qui a permis d’établir le bon diagnostic pour les mesures d’adaptation. La nature médicalisée du processus, qui nécessite un diagnostic par un spécialiste, constitue un obstacle important et cause un retard d’accès à ces mesures. La réalité frustrante est que, même si des efforts sont faits pour soutenir les étudiantes et étudiants par des bourses et des mesures d’adaptation, il reste des barrières systémiques. Il y a aussi une perception d’inadéquation des capacités dans la gestion des questions d’accessibilité. Bien des spécialistes de l’accessibilité sont à bout de souffle et doivent concilier les projets d’accessibilité avec d’autres tâches. Idéalement, l’accessibilité devrait être intégrée dans les systèmes d’enseignement, ce qui réduirait la nécessité de mettre en place des services intensifs d’accessibilité pour la population étudiante. Les systèmes de soutien actuels des établissements postsecondaires réagissent souvent aux besoins d’accessibilité au lieu d’y répondre de manière proactive. Je m’efforce de donner au corps professoral et au personnel des outils accessibles et de la formation leur permettant de relever de manière autonome les défis liés à l’accessibilité, ce qui profite en fin de compte à la population étudiante et favorise un environnement d’enseignement plus inclusif.
Suggestions pour le soutien des établissements
Pour améliorer le soutien aux besoins d’accessibilité, il est essentiel de clarifier le processus de mesures d’adaptation. Il serait utile d’avoir une base de données transparente des mesures d’adaptation offertes, y compris des options informelles, telles que les horaires flexibles. Une communication claire sur les préférences, comme le style de communication et les délais, et le fait d’encourager les étudiantes et étudiants à exprimer leurs préoccupations sans crainte de répercussions favorisent un environnement positif. Il est important de leur enseigner comment communiquer leurs besoins efficacement sans devoir divulguer leurs renseignements de santé personnels. Il est essentiel de continuer d’élever les efforts d’accessibilité, y compris le transfert de connaissances et la collaboration, afin d’éviter la redondance et de faire des progrès significatifs. Quoique les plans stratégiques puissent prioriser l’accessibilité, des actions restent nécessaires pour concrétiser les intentions.