Répertoire des expériences vécues

Histoires

Anonyme, Spécialiste en technologies d’assistance

Collège

Les défis du parcours scolaire

J’ai dû affronter d’importantes difficultés scolaires qui étaient probablement dues à un trouble d’apprentissage non diagnostiqué pour lequel je n’ai jamais eu d’aide. Malgré mes capacités, j’ai dû me débrouiller sans assistance appropriée. J’ai eu l’impression de passer entre les mailles du filet. Ce n’est qu’à l’université que j’ai découvert mon potentiel et appris des stratégies d’étude efficaces malgré le manque de technologie et de ressources disponibles. De retour sur les bancs d’école à l’âge adulte, j’ai enfin réussi à exceller parce que j’avais accès aux ressources, stratégies et technologies appropriées. Aujourd’hui, en tant qu’adulte d’un certain âge éprouvant une perte auditive, je comprends personnellement les difficultés théoriques et pratiques liées aux handicaps, et je milite pour l’accessibilité dans mon travail. En réfléchissant à mon parcours, je reconnais l’importance de soutenir les personnes handicapées en raison de mon expérience personnelle et de ce que j’ai observé chez mes étudiantes et étudiants pendant plus de vingt ans. Grâce à mes expériences personnelles et professionnelles, je comprends le besoin de soutien et d’accessibilité dans le domaine de l’éducation. Je fais ce travail en raison de mon profil particulier combinant difficultés personnelles et soutien professionnel engagé, un parcours que bien des gens dans le domaine de l’accessibilité partagent, motivés par une compréhension commune des défis auxquels font face les personnes handicapées.

Accès aux ressources pédagogiques numériques

Je travaille dans le domaine des technologies d’accessibilité, en particulier avec les technologies numériques. Dans ma carrière, j’ai observé une progression constante de l’inclusion et de l’accès aux technologies d’accessibilité. Lorsque j’ai commencé à travailler dans ce domaine, pour les formats accessibles, il fallait envoyer une demande pour que quelqu’un lise le manuel en s’enregistrant sur une cassette, laquelle était ensuite envoyée à l’étudiante ou l’étudiant. Le processus était relativement long. J’ai été témoin de toute une évolution depuis. Il est devenu possible de numériser les livres et de les transformer en fichiers PDF pouvant être lus par synthèse vocale. Les lois, comme la Loi de 2005 sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario (LAPHO), ont également permis de réaliser des progrès en exigeant que les établissements mettent en place des politiques de soutien aux personnes handicapées. J’ai aussi observé une volonté marquée de recourir aux ressources éducatives libres (REL), qui offrent accessibilité et flexibilité numérique tout en étant économiques. Il est essentiel que les ambassadrices et ambassadeurs comme moi fassent la promotion du recours aux REL et s’éloignent des plateformes coûteuses et inaccessibles offertes par les éditeurs traditionnels.

Attitudes et perceptions sociales 

Je priorise la défense des droits et de l’accès des personnes handicapées, en m’efforçant de faire évoluer les perceptions sociales vers la positivité au lieu de m’attarder aux attitudes négatives. En promouvant l’efficacité des mesures d’adaptation, j’ai vu leur impact transformateur sur les environnements éducatifs et je me rallie avec ceux et celles qui partagent ma vision de l’inclusion. Bien que bon nombre de chargé·e·s de cours comprennent et facilitent désormais les mesures d’adaptation pour la population étudiante, il en reste qui doutent ou remettent en question les besoins des apprenant·e·s. Ce problème, quoique peu prévalent, exige qu’on doive encore s’y attarder en 2024 pour créer des environnements éducatifs inclusifs pour tous et toutes.  La communication avec ceux et celles qui s’opposent à la création de classes inclusives est un aspect important de mes efforts d’action militante. Il est essentiel de s’attarder à leur point de vue et de comprendre le pourquoi de cet attachement à des opinions dépassées, malgré l’évolution sociale vers l’inclusivité. Alors que la société rejette souvent les points de vue divergents, je crois qu’il y a une valeur inhérente à apprendre de ceux qui ne sont pas d’accord avec notre position sur l’accessibilité. En reconnaissant et en prenant en compte les différentes mentalités, on peut concevoir un message qui favorise l’inclusion et fait la promotion de l’accessibilité comme quelque chose de bénéfique pour tout le monde, pas seulement pour les personnes handicapées.

Efficacité des systèmes de soutien

Dans ma vie personnelle et professionnelle, je compte beaucoup sur les technologies d’assistance (TA) pour améliorer l’accessibilité et répondre à mes besoins. Pour mes propres projets et mes tâches quotidiennes, j’utilise divers outils tels que des logiciels de cartographie conceptuelle et de remue-méninges en plus de la synthèse vocale pour la dictée. En raison de changements dans ma vision, j’ai récemment eu besoin d’ajuster mes paramètres d’agrandissement afin de pouvoir lire et voir plus clairement à l’écran. En tant que personne malentendante, je compte sur des dispositifs d’amplification du son, à savoir des prothèses auditives, qui jouent un rôle crucial en facilitant ma participation et mon engagement. Sur le plan professionnel, je m’implique beaucoup auprès des étudiant·e·s de diverses catégories de handicaps en les formant sur l’utilisation des technologies d’assistance. Je leur parle de ces technologies, qui regroupent de l’équipement et des applications, mais aussi des services visant à répondre à leurs besoins d’adaptation. Mon expérience m’a permis de réaliser combien il est essentiel de planifier et de mettre en œuvre consciencieusement des stratégies qui répondent aux besoins d’accessibilité, tant pour moi que pour mes étudiantes et étudiants. Avec l’âge et mon expérience dans le domaine de l’éducation, j’ai appris que tout doit être intentionnel et bien réfléchi. Je m’efforce de leur inculquer cet état d’esprit en soulignant l’importance de planifier et mettre au point délibérément leurs stratégies par la métacognition. Lorsque je travaille avec un étudiant ou une étudiante, je m’efforce de comprendre ses forces et faiblesses. Ainsi je suis capable d’adapter mon approche en tirant parti de ses forces tout en tenant compte de ses difficultés. J’utilise des outils, des technologies et des stratégies pour fournir les mesures d’adaptation et le soutien nécessaires. Dans les établissements, les systèmes sont souvent défaillants en raison des obstacles, par exemple l’adoption tardive de technologies accessibles et l’inaccessibilité des manuels scolaires, qui résultent de certaines attitudes.

Suggestions pour le soutien des établissements

Je pense que la mise en œuvre de formats d’apprentissage hybrides ou flexibles pourrait grandement contribuer à répondre aux besoins d’accessibilité. Auparavant, je pensais que travailler avec des étudiant·e·s handicapé·e·s nécessitait une interaction en face à face, mais la pandémie m’a prouvé le contraire. Aujourd’hui, presque toutes mes réunions sont virtuelles, ce qui facilite l’accessibilité grâce aux fonctionnalités comme les sous-titres et le partage de fichiers. Les plateformes virtuelles permettent de multiplier les moyens de communication, même si elles ne remplacent pas parfaitement l’interaction en personne. La création d’environnements d’apprentissage multimodaux est cruciale, car elle permet d’aller au-delà des cours magistraux traditionnels et de recourir à des méthodes plus engageantes. Fournir le contenu à l’avance et enregistrer les cours est bénéfique pour la conception universelle de l’apprentissage (UDL) et l’accessibilité. Je préconise d’utiliser des ressources éducatives libres (REL) et de proposer des évaluations authentiques au lieu de s’appuyer uniquement sur des formats à choix multiples.